OMS : Une Grande Dame pour l’Afrique

5 novembre 2014

OMS : Une Grande Dame pour l’Afrique

 

 

Dorothée K. Gazar : Le charme d'une ambition
Dorothée K. Gazard : Le charme d’une ambition

Le Bénin est unanime derrière sa candidate ; le fait est si rare qu’il mérite d’être souligné : les béninois officiant dans l’ensemble du système des Nations- Unies ou d’ailleurs, ne savent que trop bien la part de solidarité nationale à laquelle ils doivent leurs promotions et autres responsabilités exceptionnelles. Les chausse-trappes, les trahisons et les abandons ont pendant longtemps été le label national, chaque fois qu’il s’est agi d’accompagner à l’international, une carrière individuelle.
Mais là, du coup, voilà qu’il se crée comme un consensus national et qu’une houle tumultueuse et fiévreuse semble porter comme jamais auparavant, le Professeur Dorothée Kindé-Gazard à la candidature pour le poste de Directrice régionale pour l’Afrique de l’Organisation Mondiale de la Santé. Comme si la nation toute entière semblait du coup, s’identifier à ce modèle exceptionnel de talent, d’excellence et, oui, n’ayons pas peur des mots, de vertu.
La mobilisation intégrale n’intrigue pas seulement ; elle fascine. Ce pays sait donc promouvoir les siens et faire l’économie de fausses querelles et de polémiques de bas étage ! Voilà qui est rassurant !
La presse, la rue, la classe politique, les milieux professionnels, font bloc pour dire qu’à travers la candidature du Professeur Gazard, le Bénin mérite cette place. Le Bénin, oui ; mais surtout elle. Professeur titulaire de parasitologie-mycologie et praticienne depuis plus d’une trentaine d’années, la femme qui vient de recevoir le Prix Harvard 2014 des Leaders de la santé et qui fut aussi décorée en 2011 de la Légion d’honneur de la République française, est ministre de la santé de son pays après l’avoir été sous un autre régime et sous un autre Président. En effet, au cours de la deuxième moitié de son ultime quinquennat, Mathieu Kérékou fait appel à cette technicienne émérite qui apportera la preuve que l’on peut faire de la politique sans compromission et dans le seul but de servir les populations. Elle réussit à échapper aux chapelles politiques et ne connaîtra d’obédience que celle du service.
Voilà une dame qui débarque sous les dorures des palais républicains et qui fait de la politique sans en avoir l’air. Un art consommé chez cette femme de taille moyenne, si effacée qu’on la croirait absente ; discrète, presque timide et incontestablement raffinée. Difficile de ne pas tomber sous ce charme subtil au point d’en occulter la terrible efficacité : de ses chefs elle sait obtenir les moyens dont elle a besoin pour accomplir sa mission, des bailleurs de fonds elle sait soulever l’adhésion nécessaire aux chamboulements des investissements classiques qui rendent si inefficaces, l’aide à la santé. Dans son ministère, plus d’un apportent le témoignage du chef d’orchestre qui mène son monde à la baguette de la raison et de l’adhésion : convaincre plutôt qu’imposer ; et la formule marche. Tout ce petit monde est au travail et ne discute pas la singulière autorité de cette femme plutôt souriante qui sait faire des hommes des entités véritables au service d’un humanisme concret.
La voilà qui frappe à la porte de l’OMS ! Un peuple entier l’accompagne parce qu’il sait qu’elle en a, et le talent, et la compétence, et la morale. Elle connaît ses missions : Prendre en compte les principaux déterminants de la santé dans l’élaboration des politiques nationales ; généraliser la couverture sanitaire universelle sur le continent ; donner de nouvelles dimensions à la recherche sur le continent ; soutenir l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication au système, animer le partenariat global pour la santé, etc … Pour cette technicienne qui a été à la base de l’initiative de Financement basé sur les Résultats et qui a initié dans son pays de vastes programmes contre le paludisme et contre bon nombre d’autres parasites, une politique de santé à la dimension du continent, sobre et efficace, semble être tâche aisée. Car Dorothée Gazard n’a pas seulement une image ; elle a aussi un profil ; et plus qu’un profil, elle a un être intime, inébranlable et rassurant où s’entremêlent heureusement, autorité morale, humilité intellectuelle et don de soi au service des plus souffrants. C’est peut-être ce qu’a perçu, mieux que quiconque, le Professeur Albert Tevoedjrè lorsque, évoquant son parcours, il a parlé de « chance de l’excellence »… Chance de l’excellence, certes, mais chance aussi du cœur.
Et c’est au carrefour du cœur et de l’excellence, de la conscience et du savoir que s’accomplira sans doute, ce destin exceptionnel… Dans quelques heures…

 

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Santé nature innovation
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