Porto-Novo, un curieux paradoxe…

19 septembre 2014

Porto-Novo, un curieux paradoxe…

On présente souvent Porto-Novo, la « capitale » du Bénin, sous le visage d’une bonne vieille cité de culture brésilienne dont le charme tropical devrait légitimement excuser la pauvreté des infrastructures. Mais quatorze ans après la décentralisation, les populations supportent mal le délaissement de leur ville par les autorités aussi bien locales que nationales, et se demandent quand la » ville aux trois noms » recouvrera réellement ses attributs de capitale administrative.

Porto-Novo ne manque pas de charme; la ville coloniale aux murs ocres et jaunes, aux bâtisses vieillottes qui évoquent chez les anciens tant de souvenirs, voit sortir de terre quelques bâtisses neuves, villas ou immeubles que l’administration ou quelques réussites individuelles, financent de plus en plus. Mais Porto-Novo est restée sur l’essentiel une ville laide: des rues jonchées de crevasses où l’eau des pluies et des ménages , mélangées à la boue et à la saleté, vient former d’étranges rigoles. Les nids de poules qui défigurent jusqu’aux quartiers  les moins populaires, dessinent pour chaque espace, un paysage lunaire. Les rares caniveaux, sans couverture, représentent à tout instant pour tout piéton, un piège dangereux. L’impression est nette  d’une ville livrée à elle-même, entre la pollution mortelle des motos-taxis, des camions et des nombreux moulins à mais, qui sont devenus la planche de salut économique de maints petits commerçants informels, et l’anarchie d’une circulation routière surréaliste.

Et pourtant, Porto-Novo, depuis la décentralisation intervenue enfin en 2002, et le transfert des compétences qu’elle a induit, aurait dû avoir les moyens de se prendre en charge, de construire ses artères en viabilisant ses maigres ressources et ses recettes fiscales. Mais avec ses 110km2 de superficie, la ville n’a pas beaucoup évolué depuis 2002. L’on reprochait autrefois au pouvoir central de faire preuve de mauvaise foi à l’égard d’une cité que les politiciens de tout poils, jugeaient rebelle; mais les différentes autorités locales qui se sont succédé, n’ont pas démontré plus grand empressement à faire de la cité des Ainonvis, une ville phare du Bénin.

Avant les indépendances et pendant longtemps après, certaines rues de Porto-Novo, sans être bitumées ou pavées, avaient un aspect regardable; aujourd’hui, elles sont devenues de véritables calamités de quartiers, impraticables, laides et insalubres.

La paupérisation des populations n’a rien arrangé; l’exode rurale, greffé

Une rue de Porto-Novo au cœur du quartier administratif...
Une rue de Porto-Novo au cœur du quartier administratif…

sur elle, a jeté dans les cités des populations sales venues généralement de loin , ignorant les règles les plus élémentaires de la salubrité environnementale et délaissant leurs espaces de vie aux intempéries, aux déchets et à la crasse.

Porto-Novo avec ses 300 000 habitants ressemble de plus en plus à une ville oubliée, quoique puisse en dire ses administrateurs que l’on accuse au demeurant de privilégier les voyages , les solennités, et les privilèges personnelles, aux urgences de développement. L’on n’a d’autant pas de mal à le croire que ses responsables locaux, vivent dans le confort le plus révoltant au milieux des masures et des rues délabrées et sales que seuls, des tracés sur papiers aspirent à changer. Les différents Programmes de Réhabilitation de la ville n’ont accouché que de pitoyables souris et seules des initiatives privées de bon aloi, tentent peu ou prou, de redonner à la singulière capitale, ses lettres de noblesse…

Porto-Novo, ville laide et charmante? Curieux paradoxe qui, sans la misère qu’il traduit,  eût, sans doute prêté à sourire…

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Commentaires

Anonymous
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MEDEGNONWA Valère
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Ton papier est complet Don Félipé. Le situation actuelle de notre capitale est affligeante et elle me révolte. A part la voie du Cinquantenaire qui est fréquentable, l'état dans lequel se trouvent les infrastructures routières laisse à désirer. Surtout la route inter Etats qui passe par le marché Ouando pour le Nigéria. Les attraits touristiques sont vieillissants et la ville peine véritablement à s'inscrire dans la modernité. Le programme de réhabilitation de la cité aux trois noms marque le pas. Triste sort pour notre ville. Dans le même temps, d'autres localités bénéficient des investissements importants. L'équilibre régional à ce niveau là est le cadet des soucis de ceux qui nous dirigent. REVOLTANT